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Le capitalisme n’a pas toujours existé. En définissant celui-ci comme une « économie de marché », caractérisée par l’échange marchand, l’argent et son accumulation, libéraux et marxistes se sont longtemps accordés sur le fait qu’il y aurait depuis l’Antiquité, avec l’essor du commerce, de l’argent et d’une bourgeoisie urbaine, des formes « embryonnaires » du capitalisme. Leur idée commune est qu’à partir de ces embryons, le capitalisme serait progressivement né à l’époque moderne en Europe occidentale dans les « interstices » du féodalisme (les villes), porté par une « bourgeoisie » marchande qui aurait triomphé de l’aristocratie féodale dans une série de « révolutions bourgeoises », permettant à ces embryons de s’épanouir sans restriction.
Cette vision consensuelle a fait l’objet de nombreuses critiques, notamment par un courant marxiste hétérodoxe, le « marxisme politique », fondé par Robert Brenner, historien marxiste de l’économie, et Ellen Meiksins Wood, théoricienne marxiste et historienne des idées [1]. Les marxistes politiques s’opposent aux marxistes orthodoxes comme Staline en refusant de penser l’histoire comme un processus linéaire allant du « communisme primitif » au communisme en passant par l’esclavagisme, le féodalisme et le capitalisme du fait de l’accroissement des forces productives.
Au contraire, ils et elles pensent que l’histoire est le produit de la contingence de la lutte des classes et font du capitalisme un système économique unique. Il se caractérise en premier lieu par une dépendance généralisée au marché des classes dominantes, dépendantes de la profitabilité de leurs investissements, et des classes dominées, dépendantes de leurs salaires. De plus, cette dépendance généralisée n’est plus vis-à-vis des marchés segmentés légalement et géographiquement et très fortement régulés de l’Ancien Régime, mais vis-à-vis d’un marché national – et de plus en plus international – faiblement régulé, entraînant ainsi une compétition généralisée entre acteurs économiques. Enfin, à la fois condition et résultat de cette transformation, l’État devient moins un moyen d’enrichissement personnel par le biais de l’exploitation fiscale absolutiste de la paysannerie, et davantage un garant « impersonnel » de l’ordre capitaliste national et de sa croissance.
Conditions et conséquences
La première condition d’émergence du capitalisme est la dépossession des moyens de production d’une majorité des classes dominées, à commencer par la dépossession des paysans et paysannes de leurs terres et leur transformation en prolétaires dépendants du marché du travail pour leur survie. Cela implique un tournant vers le marché de classes dominantes qui ne peuvent plus compter sur la rente féodale et sur l’impôt prélevés sur une paysannerie propriétaire pour s’enrichir puisque cette dernière disparaît et, avec elle, l’exploitation féodale et absolutiste. La deuxième condition est l’unification légale et géographique par un État des marchés préexistants, ainsi que leur dérégulation. La troisième condition est l’existence d’un État fort, capable de créer ces conditions et d’endurer les conséquences négatives de cette transformation.
La première conséquence du capitalisme est que l’exploitation des classes dominées par les classes dominantes se fait désormais par l’intermédiaire exclusif du marché, un marché qui n’est plus que faiblement régulé et très compétitif. Le capitalisme se présente donc non comme une forme d’exploitation de classe directe, comme le féodalisme, mais comme une domination impersonnelle du marché, ce qu’elle est en partie puisque les capitalistes sont aussi soumis à cette domination impersonnelle. La deuxième conséquence est que, pour rester compétitifs et donc profitables, les acteurs économiques doivent accroître sans cesse leur productivité et leur volume de production pour faire baisser leurs coûts unitaires et accroître leurs ventes. Ils sont forcés par leur dépendance à un marché unifié compétitif d’obéir à ses impératifs, ce qui aboutit à une « compulsion de croissance » et donc à des crises économiques de surproduction récurrentes et à une crise climatique et écologique inédite. La troisième conséquence est que cette croissance économique forcée offre des moyens financiers sans précédents aux États leur permettant de renforcer leur domination à l’échelle nationale et internationale, d’où la croissance exceptionnelle de leur pouvoir, notamment policier et militaire.
Si l’on définit le capitalisme à partir de ses conditions d’émergence et caractéristiques historiquement spécifiques entraînant des conséquences elles-aussi historiquement spécifiques, on perçoit plus clairement ce qu’il y a d’unique dans notre société contemporaine. En effet, si cela fait des milliers d’années qu’il y a de l’exploitation de classe, des marchés, de l’argent, des investissements et des États, cela fait en revanche seulement moins de deux siècles qu’il y a cette domination impersonnelle du marché et de son pendant politique, l’État capitaliste, et que leur croissance à marche forcée amène de crises en crises, vers une catastrophe écologique globale. Comment en sommes-nous arrivés là ?
Violence de classe et impérialisme
Selon les marxistes politiques, l’émergence du capitalisme n’est pas un processus naturel et universel résultant de l’accroissement quantitatif des échanges marchands en Europe occidentale à l’époque moderne, puisqu’à cette période, les paysans et paysannes d’Europe (et des Amériques) restent exploitées sur un mode féodal ou absolutiste par des classes dominantes qui s’enrichissent principalement par ce biais. Même les grandes cités marchandes d’Italie et des Pays-Bas ne fondent pas leur prospérité sur leur compétitivité supérieure sur un (inexistant) marché unifié et dérégulé, mais au contraire grâce à leur puissance militaire qui leur assure des revenus tirés de paysanneries exploitées sur un mode féodal ou colonial et de monopoles commerciaux sur des marchés segmentés et fortement régulés [2].
C’est ce caractère non-capitaliste qui explique le relatif déclin à l’époque moderne de cités italiennes comme Gênes, Florence et Venise et au XVIIIe siècle pour les Pays-Bas. Une seule exception : l’Angleterre, où le capitalisme émerge de manière contingente à l’époque moderne. Grâce à son émergence unique et précoce du capitalisme, lui assurant une forte croissance économique et fiscale, l’Angleterre devint aux XVIIIe et XIXe siècles la plus grande puissance militaire mondiale. Face à elle, ses rivaux sont progressivement forcés d’adopter des réformes pour accroître leur puissance économique, fiscale, militaire, aboutissant à l’émergence du capitalisme en Allemagne, au Japon ou en France dans la deuxième moitié du xixe siècle (voir le sous-article). Ailleurs, le capitalisme émergea au cours du XIXe siècle et surtout du XXe siècle via la conquête coloniale ou les exportations de capitaux.
Loin d’être l’aboutissement d’un développement naturel et universel, le capitalisme a émergé de manière contingente, par la violence de classe à l’intérieur et la violence impérialiste à l’extérieur, jusqu’à s’étendre sur la totalité du globe. Si le capitalisme est un accident de l’histoire, cela vaut également pour le communisme libertaire, qui ne pourra par conséquence advenir que de la même manière : dans la contingence de la lutte des classes et (anti-)impérialiste.
Armand Paris de Sortir du capitalisme
Chronologie
1066 conquête normande sur l’Angleterre
MILIEU DU XIVe SIÈCLE grande Peste et crise du féodalisme.
1381 Révolte des paysans en Angleterre.
FIN DU XIVe SIÈCLE diminution progressive du servage, tournant commercial de l’aristocratie en Angleterre.
1488–1517 vague massive d’expulsions forcées de paysans, processus qui s’achève avec les enclosures parlementaires (la privatisation des communs), du XVIIIe siècle en Angleterre.
XVIe–XVIIIe SIÈCLE période en France dite de l’Ancien Régime, caractérisé par un compromis de classe entre monarchie, aristocratie et bourgeoisie pour se partager les fruits de l’exploitation féodale et absolutiste de la paysannerie et des colonies.
1688–1815 ascension géopolitique anglaise et cycle de guerres entre l’Angleterre et la France, toutes perdues à une exception près (la guerre d’indépendance des États-Unis) par la France.
1763–1789 cycle de réformes économiques et libérales de l’Ancien Régime, finalement avortées.
1789–1793 Révolution française et cycle de réformes d’inspiration libérales.
ANNÉES 1850–1860 débuts des grandes réformes qui vont déboucher sur l’émergence du capitalisme industriel en France (création d’un vaste réseau chemin de fer, signature de traités de libre-échange et début du démantèlement des coutumes artisanales).
[1] Ellen Meiksins Wood, L’origine du capitalisme, Québec, Lux, 2013 ; François Allisson et Nicolas Brisset (éd.), Aux origines du capitalisme : Robert Brenner et le marxisme politique, ENS Éditions, 2023. [2] Ellen Meiksins Wood, L’origine du capitalisme, op. Cit.
En 1961, le Dr. Henri Fabre et une équipe de militant·es créaient à Grenoble le premier centre du Mouvement Français pour le Planning Familial, un an après la fondation de l’association.
La même année, dans ce centre, Henri Fabre violait une femme en consultation de gynécologie. Et une question surgit immédiatement : combien d’autres ?
Nous apprenons cela grâce au témoignage de la victime, si longtemps après. Nous saluons son courage d’enfin briser ce silence et lui affirmons notre soutien.
Son témoignage a été rendu possible par des décennies de lutte féministe, au sein desquelles le Planning Familial a joué un rôle majeur. Que lui-même n’échappe pas à la violence masculine est une preuve de son ampleur dans toute la société.
L’affaire Pélicot l’a démontré de façon tristement éclatante : tout homme qui en a l’opportunité peut devenir un violeur. A ce titre, les médecins, et d’autant plus les gynécologues, ont toujours eu une place privilégiée. La relation de pouvoir qu’ils ont de facto avec leurs patientes leur offre ces opportunités. Si les chiffres officiels manquent sur les violences sexuelles en consultation, ce n’est pas un hasard si plusieurs vagues de libération de la parole ont visé spécifiquement les médecins, comme #PayeTonUtérus en 2014 ou plus récemment au sein du mouvement MeToo.
Ce fait n’est pas une fatalité. Ce n’est pas une prétendue « nature » intrinsèque des hommes qui en fait des violeurs : ce sont les structures sociales de la domination masculine, autrement dit le patriarcat. Si les hommes violent, c’est parce que le viol est minimisé, tourné en sujet de plaisanterie, voire encouragé. C’est parce que les violeurs sont rarement accusés et rarement condamnés, aussi bien socialement que pénalement, là où les actes de résistance des femmes, parfois poussées à bout, sont lourdement sanctionnés. C’est parce que le consentement des femmes est vu comme optionnel, et ce d’autant plus en contexte médical. C’est parce que les hommes savent qu’ils peuvent violer en toute impunité, car c’est l’outil de contrôle des femmes par excellence.
L’affaire Henri Fabre en est une preuve cinglante : il n’a jamais été inquiété de son vivant pour ses actes. Prise par la sidération et sachant que sa parole ne vaudrait rien face à cette « figure » des droits des femmes, sa victime a dû se taire pendant soixante ans. Henri Fabre a ensuite arrêté d’exercer pour devenir médecin inspecteur à 59 ans, ce qui est jeune pour la profession et ne manque de nous questionner : les institutions médicales – telles que l’Ordre des Médecins, foncièrement conservateur et patriarcal – étaient-elles au courant ?
Seul un mouvement féministe d’ampleur pourra faire reculer, et un jour éradiquer, le patriarcat qui permet ces violences. La libération de la parole en est la première étape indispensable. Elle a permis aujourd’hui de faire la lumière sur Henri Fabre ; elle doit se renforcer encore, pour révéler et sanctionner les actes de tous les médecins agresseurs et sexistes, qu’ils exercent au Planning Familial ou partout ailleurs. C’est un combat qui concerne toute la société : nous devons parvenir à une tolérance zéro contre les violences sexistes et sexuelles (VSS).
Pour faciliter cette libération et aller plus loin encore, il est important de développer les lieux d’auto-organisation des femmes , et en premier lieu les organisations féministes. Il est notamment plus que jamais pertinent de rejoindre et renforcer le Planning Familial , auquel nous affirmons notre soutien : plus nous y serons nombreuses et puissantes, plus nous contribuerons au rapport de force contre les VSS, et plus nous serons en mesure de les prévenir et d’accompagner les victimes.
Les VSS existent partout, nous devons donc réaliser ce travail à tous les niveaux : dans nos cercles sociaux, sur nos lieux de travail, mais aussi dans nos organisations et syndicats. Il en va de notre responsabilité, et l’auto-organisation des femmes en est la pierre angulaire.
Union communiste libertaire, le 30 octobre 2024
Alors que ce mois d’octobre marque les quarante ans de son incarcération, une nouvelle demande de libération de George Ibrahim Abdallah a été déposée par son avocat et comme tous les ans une manifestation à Lannemezan (65) sera organisée. Retour sur cette affaire et sur ce quelle éclaire de notre époque.
Georges Ibrahim Abdallah est un militant communiste libanais. En 1979 il participe à la création de la Fraction Armée Révolutionnaire Libanaise (FARL), organisation se déclarant communiste et anti-impérialiste dont il dirige les opérations en France. En 1982, les FARL revendiquent l’assassinat du lieutenant-colonel Charles R. Ray, attaché militaire américain à Paris, et de Yacov Barsimentov, deuxième conseiller à l’ambassade d’Israël, membre du Mossad. Des « actes de résistance armée » en réaction à l’agression militaire israélienne du Liban appuyée par les États-Unis [1]. C’est la défense utilisée par Georges Abdallah pendant son procès.
Une justice impérialiste
Arrêté et incarcéré en 1984, il n’est inculpé que de faux et usage de faux le 6 mars 1985. Les autorités américaines et israéliennes exercent de vives pressions afin de faire alourdir sa condamnation. La découverte d’une arme ayant servi aux assassinats dans une des planques des FARL conduit à son jugement par la cour d’assise spéciale pour complicité d’assassinat le 28 février 1987. Accablé par la presse (notamment par le Monde sous la plume d’un certain Edwy Plenel ! qui n’a reconnu que bien récemment avoir été trompé [2]) la cour le condamne à la perpétuité. En 1987 sort un livre confession dans lequel Jean-Paul Mazurier, avocat de Georges Ibrahim Abdallah, raconte qu’il travaillait en réalité pour la DGSE [3]. Pourtant la validité du procès ne sera pas remise en cause. Libérable depuis 1999 selon le droit français, entre 2004 et 2020 neuf de ses demandes de libération conditionnelle ont été refusées.
Le 21 novembre 2012 le tribunal d’application des peines prononçait un avis favorable à sa demande de libération auquel accède la chambre d’application des peines en la conditionnant à un arrêté d’expulsion. Laurent Fabius, ministre des Affaires étrangères, reçoit à l’époque un coup de téléphone de son homologue américaine Hillary Clinton, qui lui demande de ne pas lui rendre la liberté [4]. Manuel Valls, alors ministre de l’Intérieur, refuse de signer l’arrêté d’expulsion le 14 janvier 2013. La décision de libération est annulée en avril 2013 par la Cour de Cassation. Jacques Vergès son avocat dénoncera « le gouvernement des États-Unis qui oppose un veto intolérable à sa libération » [5] . En juin 2023, son nouvel avocat Jean-Louis Chalanset annonce faire une nouvelle demande de libération. Elle sera étudiée en audience à huit clos le 7 octobre prochain.
De quoi Georges Ibrahim Abdallah est-il le nom ?
Soutenir Georges Ibrahim Abdallah c’est aussi se rappeler son combat. Il est instituteur lorsque commence la guerre civile libanaise de 1975-1990 où les responsabilités historiques de la France sont importantes. Le Liban est placé sous mandat français à partir de 1920 suite au démembrement de l’Empire ottoman, jusqu’à son indépendance en 1943. La France s’y appuie sur les chrétiens maronites comme population alliée. De ce mandat à accouché le système institutionnel libanais communautaire où durant 30 ans les maronites ont dominé politiquement et économiquement le pays.
Cette histoire coloniale française rencontre celle du colonialisme sioniste qui voit la résistance palestinienne s’installer au Liban où le nombre de réfugié·es palestinien·nes de la Nakba est très important. La minorité maronite est alors inquiète de perdre son hégémonie. En effet, après des années de luttes des classes importantes, les groupes d’extrême gauche libanais entrent en connexion avec la résistance palestinienne. Ce sera le cas pour Georges qui s’engage d’abord au sein du FPLP motivé par la cause palestinienne, puis participe à la guérilla au Liban du sud.
Se rappeler de Georges c’est se rappeler de cette histoire oubliée mais aussi d’une décennie, les années 80, qui est cruciale : elle verra se dérouler l’invasion israélienne du sud-Liban, durant laquelle seront notamment commis les massacres de Sabra et Chatila ; mais aussi l’ingérence américaine et française dans une région clef de la méditerranée et des ressources énergétiques du Moyen-Orient [6]. Les années 80 sont aussi le moment du tournant néolibéral du capitalisme et du redéploiement de l’impérialisme occidental, les deux allant de pair, participant à ancrer l’islamophobie dans la société française : Gaston Defferre, ministre de l’Intérieur, taxera par exemple en 83 d’ « intégristes, de chiites » les grévistes immigrés de Renault-Flins, durant la période où la France combat les milices chiites au Liban.
L’histoire de Georges commence au début de cette phase historique de la mondialisation occidentale triomphante qui touche violemment à sa fin aujourd’hui avec le génocide en cours à Gaza. Se battre pour sa libération inscrit les combats anti-impérialistes d’hier et d’aujourd’hui dans une continuité.
Liberté pour les prisonniers et prisonnières politiques
L’acharnement français et américain à maintenir Georges en prison est révélateur du système de répression impérialiste. C’est pourquoi la lutte pour la libération des prisonnier·es politiques est une bataille anticolonialiste de premier plan, et ils sont nombreux : Mumia Abu Djamal et Léonard Pelletier aux USA, Ahmed Saadat et Marwan Bargouthi en Israël, Ocalan en Turquie et tant d’autres. Au-delà de la solidarité naturelle pour les camarades victimes de répression, il s’agit de faire payer cher la répression contre le moindre d’entre nous aussi longtemps qu’il faut.
Rappelons les campagnes internationales pour la libération d’Angela Davis, ou la campagne « Free Huey » en soutien à Huey P. Newton du Black Panthers Party, où chaque comité de soutien permettra le développement du BPP. Chaque mobilisation en faveur des prisonniers est une occasion d’éducation politique et de démasquer la nature féroce des états dit « de droit » !
De ce fait cette année plusieurs initiatives en France ont eu lieu pour Georges les 6 avril dernier à Lannemezan, le 15 juin à Lyon. Soyons donc toutes et tous présentes le 7 octobre pour exiger sa libération !
Nicolas Pasadena (Commission antiraciste)
[1] « Terroriste » un jour, terroriste toujours ? », Pierre Carles dans Le Monde diplomatique, 1er août 2020. [2] Les derniers secrets de l’affaire George Ibrahim Abdallah, France inter, 22 juin 2024. [3] L’agent noir, une taupe dans l’affaire Abdallah, Laurent Gally, édition Robert Laffont. [4] « Libération de Georges Ibrahim Abdallah : comment Clinton a tenté de faire pression sur Fabius », Arrêt sur images, 20 janvier 2016. [5] « Acharnement judiciaire contre M. Georges Ibrahim Abdallah : Un prisonnier politique expiatoire », Le Monde diplomatique, mai 2012. [6] C’est durant cette guerre meurtrière de 15 ans que les phalangistes, milices fascistes maronites commettront des exactions comme celles de Sabra et Chatilla, sous l’œil de Tsahal
Depuis le mouvement social de 2017, la Guyane est sortie des radars de l’actualité. Pourtant la situation est loin de s’être améliorée, tandis que Gérald Darmanin a suggéré d’élargir à la Guyane la suspension du droit du sol appliquée à Mayotte.
Emmanuel Macron était en visite en Guyane les 25 et 26 mars, étape express sur la route du Brésil qui s’est accompagnée d’un bouclage sécuritaire de Cayenne. Il était venu débattre des questions d’orpaillage, de sécurité, de développement agricole et de ses ambitions pour le site spatial de Kourou qu’il souhaite ouvrir aux décollages privés.
La Guyane, ancien bagne et ancien territoire esclavagiste qui a marginalisé les populations autochtones, connaît un fort taux de pauvreté [1]. Le tissu commercial est détenu par des grandes familles békées de Martinique (les groupes Bernard Hayot et Fabre-Domergue ou la famille Dormoy) [2]. Les industries des matières premières et de la construction sont dominées par des multinationales françaises (telles que Bouygues, Eiffage, Vinci, Bolloré ou Auplata) [3]. Le territoire intéresse toujours la France pour l’extraction minière aurifère et, comme pour tous les autres départements ultramarins, pour la zone économique exclusive (ZEE) et les potentielles richesses qu’elle peut offrir (pêche, pétrole, terres rares, etc.).
Mais l’atout central est le centre spatial guyanais (CSG) de Kourou, éminemment stratégique pour l’Union européenne et pour la France, car il contribue à faire d’elle le leader mondial du marché des satellites commerciaux. Le CSG a provoqué en Guyane le « syndrome hollandais » entraînant une augmentation des exportations des ressources naturelles au détriment de l’activité économique locale. Cette dernière a des conséquences. Aujourd’hui, la Guyane est le terrain de la « guerre à la drogue » et de ses pratiques : contrôle renforcé à l’aéroport de Cayenne, check-point de gendarmerie à la sortie de Saint-Laurent du Maroni et pratiques de contrôle au faciès dans un contexte d’exaspération de la population.
Quelques semaines avant la visite du président de la République, le ministre de l’Intérieur avait exprimé l’ambition de voir la Guyane adopter la même réforme du code de la nationalité que celui qu’il souhaite instaurer à Mayotte. La menace d’envenimer encore une situation tendue par un recul du droit et un maillage sécuritaire renforcé témoigne du souhait de l’État de maintenir l’emprise coloniale sur le territoire. Les Outre-mer deviennent des poudrières, comme en témoignent les événements à Mayotte cette année, les révoltes en Kanaky et les mobilisations de ces dernières années à la Réunion et aux Antilles. Le mépris affiché de la classe politique ne laisse augurer que de nouvelles crises sociales que le mouvement ouvrier et métropolitain se doit d’accompagner.
Nicolas Pasadena (UCL Montreuil)
[1] D’après des études menées en 2019, le taux de pauvreté (moins de 1 020 € par mois) en Guyane était 29% contre 14,5% en France métropolitaine. Source : Institut d’émission d’Outre-mer. [2] Ces groupes s’occupent respectivement de grande distribution et automobile, hôtellerie et spiritueux. [3] Saïd Bouamama, Planter du blanc, chronique du (néo)colonialisme français, Syllepse, 2019.
Depuis une semaine, le Liban subit des bombardements de masse et un début d’invasion terrestre de la part de l’armée israélienne, dont le bilan approche déjà les 1000 morts. Israël a annoncé que son objectif, après avoir assassiné Hassan Nasrallah, était de détruire le Hezbollah. Il ne s’agit pas ici de défendre cette organisation complice de Bachar Al-Assad et actrice de l’écrasement sanguinaire de la révolution syrienne. Mais rien ne justifie qu’Israël bombarde le Liban. Le peuple libanais résistera à cette agression impérialiste.
Si le Hezbollah a bombardé le nord d’Israël en soutien aux Palestinien·nes, il ne souhaitait pas une guerre. Le Hezbollah libanais, l’Iran, les Houthis yéménites et des groupes chiites irakiens qui constituent les principaux opposants à Israël, n’en ont pas les moyens, malgré les tirs de missiles iraniens du 1er octobre.
Mais Netanyahou, enlisé à Gaza et de plus en plus isolé, continue à semer la mort dans l’ensemble de la région. Israël brandit son « droit de se défendre », mais il ne faut pas oublier que le Hamas et Hezbollah sont nés de l’agression des peuples libanais et palestiniens par l’impérialisme israélien. Ni les États-Unis, ni l’Union européenne, ni la France ne semblent prêts à exercer de véritables pressions pour mettre fin à cette escalade, malgré quelques protestations timides, et continuent à lui livrer des armes.
Les médias français, depuis le début, sont complaisants vis-à-vis de ces massacres. Si l’« axe de la résistance », et notamment l’Iran réactionnaire ne sont qu’une tartuferie de résistance, Israël – qui a également bombardé récemment le Yémen et la Syrie – fait courir le risque le risque d’un embrasement régional aux conséquences dramatiques. Netanyahou continue de condamner la région à une guerre quasi permanente.
Après la « guerre Israël-Hamas », la fable d’une « guerre Israël-Hezbollah »
Depuis un an, certains discours médiatiques esquivent la qualification de « génocide » à Gaza, en évoquant une « guerre Israël-Hamas », ce qui tend à réduire la résistance palestinienne au Hamas et légitimer de raser Gaza avec aujourd’hui au moins plus de 40 000 morts et probablement bien plus encore avec les corps encore bloqués sous les décombres. Aujourd’hui, on nous sert la fable d’une « guerre Israël-Hezbollah ». Le camp progressiste doit s’opposer vigoureusement à cette nouvelle opération de communication et dénoncer ce discours de légitimation.
Rappelons que le Liban ne subit pas pour la première fois les exactions israéliennes. La première invasion a eu lieu en 1978. En 1982, l’opération « Paix en Galilée » a fait 20 000 morts au Liban, et la responsabilité de l’armée israélienne est engagée dans le massacre des Palestinien·nes de Sabra et Chatila par une milice libanaise d’extrême droite. La guerre de l’été 2006 a fait 1100 morts et a détruit de nombreuses infrastructures libanaises.
La plupart des États occidentaux, dont la France, sont complices, car l’État d’Israël surarmé et doté de l’arme nucléaire - historiquement grâce à la France - est la garantie de son hégémonie régionale. C’est le peuple palestinien qui en paie le coût, mais aussi le peuple libanais.
Poursuivons la lutte
L’Union communiste libertaire appelle à protester contre les attaques actuelles sur le Liban et sur le Yémen, à dénoncer le génocide à Gaza qui dure depuis maintenant un an, et à soutenir la campagne BDS (Boycott désinvestissement et sanction contre l’apartheid israélien). Cette campagne porte ses fruits, comme l’a montré le retrait d’Axa cet été. Il est crucial de maintenir la pression, notamment sur Carrefour et BNP Paribas.
N’oublions pas non plus que cela fait quarante ans que Georges Ibrahim Abdallah, militant communiste libanais, est incarcéré en France alors qu’il est libérable depuis 1999. Le 7 octobre 2024, la justice doit à nouveau se prononcer. Nous exigeons sa libération immédiate. Son cas nous rappelle que le martyr du Liban n’a pas commencé cette semaine !
Stop aux massacres au Liban et stop au génocide à Gaza, stop à l’apartheid et à la colonisation, stop à la complicité française et européenne ! Soutien à la résistance des peuples libanais et palestinien !
Même dans les pays où ce droit semble acquis de longue durée, il peut disparaître. Les États-Unis en sont l’exemple : la fin de la garantie fédérale de ce droit a conduit de nombreux États à interdire ou limiter l’accès à l’avortement. Cette situation doit nous servir d’exemple pour ne jamais baisser la garde et nous rappeler le devoir de solidarité internationale des femmes.
Dans le monde, soixante-quinze États autorisent l’avortement sans autre limite que la durée de grossesse. Vingt-quatre pays l’interdisent totalement. Et entre les deux, des conditions variables : avis médical, grossesse issue d’un viol, problèmes médicaux, danger mortel.
En Europe pas de politique commune
En France, nous sommes relativement chanceuses [1] : l’avortement est accessible sur demande, dans la limite de quatorze semaines de grossesse. Et la Constitution parle de liberté garantie (mais pas de droit absolu), faible rempart contre une éventuelle régression. De nombreux obstacles perdurent : le manque de moyens des hôpitaux en personnels et centres IVG, la double clause de conscience qui fait de l’avortement un acte exceptionnel, la pénurie de pilules abortives de temps en temps, l’absence de choix entre avortements médicamenteux et instrumental, l’injonction à ne pas en parler qui prive du partage d’infos et d’expériences, un délai pas si long. Ces difficultés conduisent encore environ cinq mille femmes à avorter à l’étranger chaque année. L’avortement est banal pourtant : presque une femme sur deux avorte une ou plusieurs fois dans sa vie, ce qui est normal compte tenu de la durée de vie fertile et à raison de douze ou treize cycles par an. Dans ce domaine aussi le racisme est présent : avortement libre en métropole, incitation à la stérilisation à Mayotte (après d’autres politiques coloniales plus agressives [2]) ; déploration de la baisse de la natalité quand des enfants d’exilé·es dorment dans nos rues.
L’Europe n’a pas de politique commune. Il n’y a pas de condition autre que le délai pour accéder à l’avortement dans les pays d’Europe sauf Malte – interdiction jusqu’à juin 2023, possible depuis en cas de danger pour la vie de la mère ou si le fœtus n’est pas viable – et la Pologne, longtemps libérale mais exemple parfait des régressions possibles : depuis 2021 l’avortement n’est autorisé qu’en cas de danger pour la femme, ou si la grossesse découle d’un viol ou d’un inceste. Le délai légal varie de dix semaines au Portugal à vingt-quatre semaines aux Pays-Bas. L’accès n’est pas toujours facile, comme en Italie où le taux de soignant·es refusant de pratiquer des avortements est énorme et où les régions ont des politiques plus ou moins restrictives.
États-Unis le grand bond en arrière
En 2022, la Cour suprême a renvoyé ce choix aux États en abrogeant le célèbre arrêt Roe v. Wade. Des États se sont mis à interdire et à sanctionner. Quatorze États interdisent totalement l’avortement, sept autres ont restreint le délai légal, parfois jusqu’à six semaines. L’Arizona a failli ressusciter une loi de 1864. L’Idaho oblige les femmes à porter les fœtus non-viables. Des débats cruels ont lieu, des procédures en justice pour autoriser l’avortement de grossesses extra-utérines, ou en cas de malformation rare oubliée dans les exceptions. Les soignant·es avorteur·euses sont passibles de lourdes peines de prison et, dans certains États, les femmes aussi. Le Texas a instauré une prime à la délation.
Les gynécologues désertent les États prohibitionnistes : déménagements, internats dans d’autres États y compris pour d’autres spécialités, départs anticipés à la retraite. Dans certains États, les femmes se trouvent face à un désert gynécologique et doivent parfois parcourir 250 kilomètres pour une simple consultation.
Mais la lutte continue. Saisie, la Cour suprême a statué en juin en confirmant la légalité de la pilule abortive (qui reste interdite dans les États interdisant l’avortement). Dans certains États, c’est par la justice que la société civile obtient la valeur constitutionnelle de ce droit, ou par referendum. La Constitution d’autres États garantit plus largement la liberté reproductive. Chaque fois que la question est posée dans un scrutin, les Républicains perdent. Des soignant·es téléconsultent et envoient des pilules abortives dans les États prohibitionnistes. Les États libéraux mettent tout en œuvre pour accueillir leurs voisines. Le nombre d’avortements n’a pas baissé bien sûr, les femmes se déplacent.
28 septembre, journée internationale pour le droit à l’avortement
Si globalement le droit à l’avortement s’étend [3], parfois avec des conditions très limitées, quatre pays ont récemment régressé ; la Pologne, le Salvador, le Nicaragua et les États-Unis. La Russie est sur le chemin. Au nom d’une religion, d’une morale réactionnaire ou dans un but nataliste, des Parlements remplis d’hommes s’octroient le droit de légiférer sur l’intimité des femmes. Le taux d’avortement est le même que ce soit légal ou non : quand c’est illégal, les femmes vivent une vie sexuelle pleine de craintes (en plus d’être souvent vide d’orgasmes) et celles trop pauvres pour aller avorter dans un autre État/pays ou payer un·e soignant·e de bonne volonté ou intéressé par l’argent qu’il peut en tirer en meurent... Il faudrait un article entier pour parler des pays du Sud, du poids des religions et des pouvoirs patriarcaux, de ceux où les conditions sont celles qui prévalaient en Europe il n’y a pas si longtemps et de ceux qui accèdent peu à peu à cette liberté.
Le 28 septembre, on rappellera la revendication forte d’un droit sécurisé et inconditionnel à l’avortement. L’avortement n’est pas un problème, c’est une solution. Ce combat doit être inclus dans celui plus large de « justice reproductive », le droit d’avoir ou non des enfants et de les élever dignement.
Christine (UCL Sarthe)
[1] Cet article utilise le féminin pluriel et parle de femmes, il faut cependant garder à l’esprit que des hommes trans peuvent avoir besoin d’avorter. [2] Le ventre des femmes. Françoise Vergès. Albin Michel. 2021. [3] The World’s Abortion Laws, Reproductiverishts.org
Une fois de plus la médecine fait parler d’elle, lors de leur soirée de “répartition”, où des étudiants (nos futurs médecins) ont trouvé amusant de nommer leur équipe “GHBite” et d’arborer fièrement une femme nue insconsciente dans un verre d’alcool, se faisant éjaculer dessus. Sur le drapeau qu’ils ont pris le temps et soin de dessiner eux mêmes, elle subit donc une agression sexuelle voire un viol sous soumission chimique. Ce genre de comportement n’est pas un cas isolé et n’est que symptomatique de la culture de l’hypersexualisation et du viol, comme peut en témoigner l’affaire du violeur en série Nicolas W. , ou encore la nécessité de l’intervention du gouvernement d’ordonner la suppression des fresques carabines à caractères sexuelles et pronographiques (viols collectifs) dans les hôpitaux. Ainsi que de manière plus générale dans la société avec l’actuelle et historique affaire Pélicot.
Par les temps qui courent, il est d’autant plus honteux de s’afficher fièrement avec une banderole faisant l’apologie et l’appel au viol par soumission chimique. Nous tenons par ailleurs à condamner toutes les personnes présentes qui n’ont rien dit, rien dénoncé : le silence est complice.
Nous demandons des sanctions exemplaires, et c’est pourquoi Andreas MULARD (vice-président étudiant de l’Université de Tours) a saisi la cellule de lutte contre les violences sexistes et sexuelles pour que les responsables répondent de leurs actes.
Nous demandons aussi plus globalement des efforts en terme de prévention des violences sexistes et sexuelles, que ce soit du côté des organisateurices pour éviter de se retrouver dans une telle situation, mais aussi parmi les étudiant-es pour briser le silence et dénoncer les agissements
Il y a beaucoup à dire sur cette date tardive (en septembre il y avait encore l'envie) et sa préparation (en particulier localement) mais pour de nombreux·ses salarié·es c'est une date dont il faut se saisir : rdv 15h caserne des pompiers, Tours nord. https://www.unioncommunistelibertaire.org/?Instabilite-parlementaire-Luttes-ouvrieres
Le n°352 d'#AlternativeLibertaire (septembre 2024) est toujours dispo
Sommaire : la lutte contre les coupes rases en forêt, connaître les groupes locaux d'#ExtremeDroite, etc.
Le trouver https://web2store.mlp.fr/produit.aspx?edi_code=P91M%2fHneSos%3d&tit_code=nlnSGbnNm8k%3d S'abonner https://boutique.unioncommunistelibertaire.org/abonnements/85-abonnement-au-mensuel-alternative-libertaire.html Soutenir https://www.unioncommunistelibertaire.org/?Soutenir-ou-adherer
Rassemblement unitaire pour la #DefenseIVG demain 28 septembre à 14h devant le CCCOD Rue Nationale à #Tours
4p #UnionCommunisteLibertaire téléchargeable : https://unioncommunistelibertaire.org/?Avorter-le-patriarcat-Se-battre-pour-notre-liberte-a-disposer-de-notre-corps
Le procès de Dominique Pélicot qui a commencé le 2 septembre 2024 révèle l’horreur qu’ont vécue Gisèle Pélicot, sa femme, mais aussi Caroline Darian, sa fille, ainsi que les autres victimes directes ou collatérales d’un patriarche ordinaire. Cette affaire illustre l’appropriation des femmes et des enfants dans le foyer patriarcal et la complicité des institutions.
L’ampleur de la couverture médiatique du procès Pélicot tant dans la presse traditionnelle que sur les réseaux sociaux indique que cette affaire fera date. Elle frappe par le nombre de violeurs impliqués et le degré de préparation de ces crimes par Dominique Pélicot. Sont souvent relevés les allures « ordinaires » de cette famille ainsi que la diversité des professions des accusés, alors que les féministes clament depuis toujours que le viol et les violences domestiques sont un fléau parfaitement commun. Les violeurs se défendent en arguant que la victime était consentante ou que la permission du mari suffisait.
Le patriarcat est une organisation sociale qui permet l’appropriation des corps des femmes, mais aussi des enfants, par les hommes adultes. Or comme l’a rappelé l’artiste Cécile Cée dans une publication salutaire, « l’inceste est tapi dans chaque recoin de ce procès sordide ». Caroline Darian et ses belle-soeurs ont été prises en photo dénudées à leur insu par Dominique Pélicot. Ce dernier tentait aussi de voir ses petits-enfants nus.
La culture du viol, comme la culture de l’inceste, ce ne sont pas que des faits commis par un individu sur un autre, mais bien une structuration du quotidien qui permet et organise la violence, et qui exige l’omerta. 160 000 enfants sont victimes d’inceste chaque année.
La violence patriarcale se prolonge hors de la famille jusque dans toutes les institutions : policière, judiciaire, médicale, psychiatrique, etc. Le témoignage Et j’ai cessé de t’appeler papa, de Caroline Darian, peut être salué pour sa politisation des enjeux de santé publique posés par les violences sexuelles, « des féminicides à l’inceste ». Elle dénonce notamment l’absence de prise en charge médicale prévue pour les victimes après le passage au commissariat, déjà lui-même re-traumatisant.
A l’heure où les macronistes (notoirement ineptes en matière de protection des minorités) ont repris le contrôle sur la Ciivise, commission indépendante sur l’inceste et les violences sexuelles faites aux enfants née grâce au mouvement #metooinceste, nous exigeons avec force de réels moyens pour lutter contre les violences intra-familiales.
En tant que féministes révolutionnaires, il nous est crucial de rappeler que la famille est au cœur du système patriarcal et capitaliste. Par la précarisation et la dépendance financière, par l’emprise, par les obligations sociales qu’elle impose, elle organise l’exploitation des femmes, et permet le déchaînement de la violence contre elles et les enfants.
L’UCL croit et soutient Gisèle Pélicot, Caroline Darian et toutes les autres victimes de violences sexistes et sexuelles. Nous prenons part à l’indignation collective et nous encourageons la mobilisation sociale qui a pris corps ce samedi 14 septembre avec les manifestations féministes liées à ce procès, et qui continuera avec des manifestations le 19 octobre. Contre l’horreur quotidienne du patriarcat, organisons-nous, le 25 novembre 2024 devra être retentissant !