Camus

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(Hugo Mazouz pour ceux qui le cherchent)

Vote au Parlement européen pour condamner la Pologne qui interdit l'IVG: https://howtheyvote.eu/votes/125483

Au Parlement européen, le RN s’est d’abord opposé à plusieurs reprises à l’accès à l’avortement. Les 23 élus du parti d’extrême droite votent ainsi contre une résolution visant à condamner la Pologne, qui interdit quasi totalement l’IVG, en novembre 2020. Aucun eurodéputé RN ne vote également pour l’inscription du droit à l’avortement dans la Charte des droits fondamentaux de l’UE en avril 2024. Ces derniers s’abstiennent en grande majorité.

Les eurodéputés RN s’abstiennent également sur les textes concernant les violences faites aux femmes. En mai 2023, le groupe de Jordan Bardella s’abstient sur la ratification de la Convention du Conseil de l’Europe sur la prévention et la lutte contre la violence à l’égard des femmes et la violence domestique.

Un mois plus tard, une résolution est adoptée sur le harcèlement sexuel avec notamment le but de traiter avec plus de transparence les cas de harcèlement au Parlement. Là encore, aucun élu RN ne vote pour. « Le texte se cantonne à proposer des formations obligatoires sur le harcèlement sexuel aux députés européens, formations dont le contenu est marqué par le wokisme », estime Jordan Bardella, qui s’abstient. En 2021, la quasi-totalité des eurodéputés RN avait déjà voté contre un texte visant à créer des formations contre le harcèlement sexuel au sein des institutions de l’UE.

Sur l’égalité femmes hommes au travail, le Rassemblement national s’oppose également à des avancées. En 2020, les eurodéputés RN votent en majorité contre une résolution rappelant l’écart de salaire entre les femmes et les hommes. « La proposition de résolution est totalement chargée d’un fond idéologique que je ne peux soutenir », défend Jordan Bardella. En 2024, les élus RN votent à nouveau en majorité contre la mise en place de normes pour promouvoir l’égalité des chances entre les femmes et les hommes.

Ainsi, les eurodéputés français issus du RN « s’abstiennent voire s’opposent à des thématiques [...] comme l’égalité professionnelle et la lutte contre les violences sexistes et sexuelles », relève l’association féministe Equipop, dans un rapport publié à la mi-mai.

https://www.elle.fr/Societe/News/Comment-le-RN-s-est-oppose-aux-droits-des-femmes-et-LGBT-au-Parlement-europeen-comme-francais-4240831

Enfin, sur le plan économique, on observe que les députés RN n’ont jamais voté la moindre directive pour renforcer l’autonomie et l’égalité professionnelle des femmes. En 2023, lors d’une proposition de loi visant à renforcer l’accès des femmes aux responsabilités dans la fonction publique, 35 députés RN avaient voté contre et un s’était abstenu. La loi visait pourtant à accélérer la féminisation de la haute fonction publique en portant à 50 % le quota obligatoire de primo-nominations féminines et instaurait un index de l’égalité professionnelle dans la fonction publique. De même, en mai 2023 au Parlement européen, les eurodéputés du RN avaient choisi de s’abstenir ou avaient voté contre la directive européenne sur « la transparence et l’égalité des rémunérations » qui vise à appliquer l’égalité de salaires entre femmes et hommes pour un travail identique ou de même valeur.

https://theconversation.com/droits-des-femmes-comment-le-rn-le-nfp-et-ensemble-se-positionnent-ils-233595

Rapport Equipop: https://equipop.org/wp-content/uploads/2024/05/Rapport-Quand-lextreme-droite-avance-les-droits-des-femmes-reculent-Equipop.pdf

Pour 2022 et le milliard, il semble que c'était une mesure de campagne de JLM pendant la présidentielle:

La France Insoumise fait de la lutte contre les violences sexistes et sexuelles l’une de ses priorités, en y allouant un budget de taille : 1 milliard d’euros pour les éradiquer. Un montant conséquent, également promis par les principaux candidats de la gauche : Yannick Jadot, Anne Hidalgo et Fabien Roussel*.

https://www.radiofrance.fr/franceinter/violences-faites-aux-femmes-que-proposent-les-candidats-a-l-election-presentielle-4860239

 

Cadre historique de feu l’UMP, déjà compagnon de route de Michel Barnier pendant les primaires de la droite en 2022

ancien conseiller « éducation et enseignement supérieur et recherche » de François Fillon

il n’a [...] pas voté la motion de censure déposée par le groupe minoritaire Liot après le 49-3 sur les retraites, et qu’il s’est réjoui de la loi « immigration » lepéno-compatible de Gérald Darmanin.

a tenu des positions à la limite du complotisme sur l’hydroxychloroquine raoultienne, les vaccins anti-Covid, ou le port du masque. Il est assez complaisant pour soutenir l’homéopathie.

Ses positions conservatrices l’ont mené à voter contre la loi Claeys-Leonetti sur la fin de vie et les soins palliatifs (loi qui, aujourd’hui, fait pourtant consensus).

Il a voté contre la loi sur la constitutionnalisation de l’IVG déposée par Mathilde Panot en 2022, et il a aussi contribué à déposer des centaines d’amendements visant purement à saboter une proposition de loi socialiste en 2021, qui prévoyait l’allongement du délai d’IVG de douze à quatorze semaines.

il a également pris fait et cause pour la Manif pour tous, comme beaucoup d’autres ministres de ce gouvernement obscurantiste, et a voté contre la loi sur le mariage pour tous en 2013.

le député du Bas-Rhin a essayé, par voie d’amendement, de freiner l’interdiction des thérapies de conversion, en interdisant aux associations LGBTQIA+ de se constituer partie civile.

le député Hetzel a demandé la création d’une commission d’enquête sur « l’entrisme idéologique et les dérives islamogauchistes dans l’enseignement supérieur ».

 

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https://www.lemonde.fr/politique/live/2024/09/28/en-direct-gouvernement-barnier-des-manifestations-pour-reclamer-a-l-executif-des-garanties-sur-l-ivg_6325006_823448.html

Les ministres « recevront les élus de LFI ou du Rassemblement national s’ils souhaitent être reçus », car « ce sont des élus de la République », « point final », a déclaré vendredi Michel Barnier, interrogé par Le Journal de Saône-et-Loire au sujet de son appel téléphonique à Marine Le Pen et son recadrage du ministre (Renaissance) Antoine Armand.

Le nouveau ministre de l’économie, rappelé à l’ordre par Michel Barnier, a dû rétropédaler mardi face à Marine Le Pen, qui lui reprochait d’avoir exclu de travailler avec le RN. Le premier ministre a appelé la présidente du groupe RN en ce sens, suscitant des critiques, notamment au sein du parti présidentiel, Renaissance.

« Marine Le Pen est présidente d’un groupe qui est très important à l’Assemblée nationale, et j’ai voulu lui confirmer, comme j’aurais pu le faire à d’autres, que la règle est que les groupes représentés à l’Assemblée seraient respectés et écoutés », a déclaré le premier ministre, interrogé par Le Journal de Saône-et-Loire.

« Cela s’applique à tous les groupes politiques de la droite à la gauche, qui représentent tous des citoyens. Les ministres recevront les élus de LFI ou du Rassemblement national s’ils souhaitent être reçus », a ajouté M. Barnier. Comme on lui demandait s’il plaçait « LFI et le RN dans l’arc républicain », le chef du gouvernement a répondu : « Ce sont des partis politiques qui sont élus de la République, qui sont élus à l’Assemblée nationale. Point final. »

https://www.lejsl.com/politique/2024/09/27/michel-barnier-les-francais-doivent-etre-respectes-et-je-vais-leur-dire-la-verite

https://www.lemonde.fr/politique/live/2024/09/28/en-direct-gouvernement-barnier-des-manifestations-pour-reclamer-a-l-executif-des-garanties-sur-l-ivg_6325006_823448.html

https://www.francetvinfo.fr/politique/gouvernement-de-michel-barnier/direct-politique-les-deputes-lfi-et-rn-sont-des-elus-de-la-republique-affirme-le-premier-ministre-michel-barnier_6806896.html

 

Selon un récent rapport de la cour des comptes, sur la seule période 2019-2022, « plus de 43 000 personnes se sont vu notifier plusieurs OQTF. » Le calcul aboutissant au résultat de 700 000 personnes vivant en France après avoir été sous le coup d’une OQTF «est absurde», confirme Serge Slama, qui enseigne le droit des étrangers à l’Université de Grenoble.

OQTF et délinquance, la grande confusion

En dernier lieu, la confusion entre les étrangers ayant commis des infractions et les étrangers ayant fait l’objet d’une OQTF, largement suggérée dans les débats des derniers jours, est trompeuse. Le fait de présenter une menace pour l’ordre public peut être un des motifs de délivrance d’une OQTF. Mais la menace à l’ordre publique n’implique pas nécessairement une condamnation préalable (et donc le fait d’être « délinquant » et constitue une mesure préventive. De plus en plus utilisé, ce motif est largement critiqué par les associations de défense des droits des étrangers.

En 2022, sur les 129 681 OQTF prononcées à l’encontre des ressortissants issus de pays tiers, 52 162 l’avaient été en raison du motif de l’entrée irrégulière, 4 209 en raison du maintien irrégulier sur le territoire, 25 683 en raison du refus de délivrance ou du non-renouvellement d’un titre de séjour, 36 981 en raison du refus de la qualité de réfugié ou du bénéfice de la protection subsidiaire et 9 837 sur le motif de menace pour l’ordre public (à peine plus de 7 %).

L’OQTF, sans être directement motivée par la menace à l’ordre public, peut toutefois aussi avoir un lien indirect avec celle-ci, notamment en cas d’OQTF pour refus de délivrance de titre, ou de non-renouvellement. D’après la DGEF, 6,8 % des refus de première délivrance de titre de séjour et 13,9 % de ceux de renouvellement le seraient ainsi pour des motifs de menace à l’ordre public. Mais là encore, sans que cela n’implique nécessairement que les étrangers visés aient été condamnés préalablement.

Lien vers le rapport de la cour de comptes: https://www.ccomptes.fr/sites/default/files/2024-01/20240104-Politique-lutte-contre-immigration-irreguliere.pdf

Lien vers le rapport parlementaire: https://www.assemblee-nationale.fr/dyn/16/rapports/cion_lois/l16b1778-tii_rapport-avis.pdf

 

"Le passBNF pour lire la presse (monde, arrets sur images, médiapart)...pour 24€/an" : https://jlai.lu/post/4214444

Pour ceux qui ne l'ont pas, l'article est ici: https://old.reddit.com/r/france/comments/1fqgkmt/affaire_chikirou_les_faits_face_%C3%A0_une/lp5rkj4/

 

Dossier : France, de la crise au chaos politique

Sur les réseaux sociaux, des hommes, des vrais

C’est une nébuleuse. Des influenceurs, des vidéastes engagés dans la défense d’une identité masculine qu’ils estiment menacée. Souvent liées à l’extrême droite, ses principales figures volent au secours du patriarcat, soldats valeureux d’une guerre féroce, et parfois cynique, tout entière consacrée à la cause des hommes.

En apprenant le ralliement de M. Éric Ciotti au Rassemblement national (RN), Julien Rochedy n’a pas caché sa joie : « Mon rêve politique depuis plus de dix ans », s’enthousiasmait-il sur son compte X (137 000 fidèles). Le fringant trentenaire, directeur du Front national de la jeunesse au début des années 2010, a quitté le parti d’extrême droite en 2014, notamment pour protester contre la présence de « petits mecs autour de Florian Philippot », « des jeunes gens qui ne sont pas des hommes selon [son] cœur ». Depuis, Rochedy a tenté de monter une formation à la masculinité et à la séduction (l’école Major), un projet qui a fait long feu malgré sa recette originale (« courage », « esprit de conquête », « volonté de puissance »). Il mène désormais une carrière de vidéaste sur Internet. Et il publie des livres aux Éditions Hétairie : L’Amour et la Guerre. Répondre aux féministes (2021) ; Veni Vidi Vici. Menaces sur les gauchistes (2021, avec Papacito) ; Surhommes et sous-hommes. Valeur et destin de l’homme (2023) À l’évidence, l’essayiste a ses lubies : il veut restaurer l’« idéal d’une virilité saine et aristocratique pour la masculinité, celle de “l’homme total” européen, du Grec au gentilhomme ».

Avec Papacito, Baptiste Marchais, Valek ou encore Stéphane Édouard, Rochedy incarne la fine fleur de la sphère masculiniste française (la « manosphère »), qui fantasme un monde régenté par les femmes où la masculinité serait menacée, dans un discours mêlant homophobie, misogynie, et bien souvent xénophobie ou désir d’autoritarisme. Des idées de plus en plus partagées, constate l’anthropologue Mélanie Gourarier, qui a enquêté durant plusieurs années auprès de groupes d’hommes se présentant comme des « séducteurs ». « Ce discours se développe depuis trois (…) décennies en France et plus largement en Europe et en Amérique du Nord autour de la défense des pères, des hommes et du masculin plus généralement. Apparemment sans rapport les uns avec les autres, ces récits victimaires procèdent pourtant de la même idéologie masculiniste, fondée sur l’apologie de la “cause des hommes” ». Une réaction « aux luttes féministes » et à « plusieurs décennies d’oppression misandre ». (1)

Certains « séducteurs », les « pickup artists », ont saisi là une occasion. Contre rémunération, ils coachent leurs congénères tétanisés par les nouvelles règles du marché sexuel. Esthètes et chasseurs à la fois, leur habileté à « prélever » des individus femelles épate leur public. Ne reculant devant aucune manipulation pour « ferrer » des femmes et les mettre dans leur lit, ils s’échangent des astuces pour que cède la « résistance de dernière minute », celle qui pourrait conduire leur « proie » à « détaler ». Les Incels (2), pour leur part, se « résignent » au célibat et détestent les femmes qui les privent des relations sexuelles auxquelles ils pensent avoir droit. Sur leurs forums Internet, ils brassent des idées noires. Les plus radicalisés commettent des attentats puis se suicident. Comme Elliot Rogers (six victimes en 2014) ou Scott Beierle (deux en 2018) aux États-Unis, comme Jake Davison au Royaume-Uni (cinq victimes en 2021). De ce risque, la sécession préserve les MGTOW (men going their own way, « hommes traçant leur propre chemin »). Par les temps qui courent, estiment-ils, entretenir des relations avec les femmes constitue un danger. Combien de carrières brisées après qu’une « féminazie » s’est plainte d’un comportement inapproprié ? La justice, toute à sa misandrie, statuerait d’ailleurs systématiquement en faveur des mères en cas de divorce. Elle priverait les hommes de leurs enfants, tout en les condamnant à de ruineuses pensions alimentaires.

Dans les années 1968, sur le modèle des groupes de conscience féministes, des hommes se retrouvaient pour discuter du patriarcat et de ses méfaits. Mais « l’initiative de se regrouper entre hommes, explique Francis Dupuis-Déri, a ouvert la voie au développement de l’idéologie masculiniste et à un ressac antiféministe. Il faut dire que la non-mixité pour les dominants n’a pas la même signification politique ni le même effet que pour les subalternes (3». Observant la redondance des « crises de la masculinité » dans des époques et des sociétés aussi éloignées que la Rome antique, l’Allemagne nazie ou l’Inde contemporaine, le politiste se moque : « Les hommes ne sont pas en crise, ils font des crises. »

« La récurrence historique du thème de la “crise” ou du “malaise” de la masculinité souligne en effet le rôle de ce motif comme instrument de résistance vis-à-vis de l’évolution des rapports de genre », écrit Mélanie Gourarier. Cette rhétorique alarmiste est un marqueur et un étendard, la cause commune d’un contre-mouvement social qu’incarnent, grâce à Internet et aux réseaux, les figures de la « manosphère ».

En France, le masculinisme en ligne contribue à la bataille culturelle de l’extrême droite. D’éminents aînés ont ouvert la voie à la jeune garde. Avant de rééditer La France juive, d’Édouard Drumont, Alain Soral s’alarmait du sort des hommes dans ses livres (4), et tournait Confession d’un dragueur en 2001. À l’époque, Les Cahiers du cinéma n’avaient pas détesté. De son côté, Éric Zemmour liait précocement le destin de la France à la défense de la virilité. Dans Le Premier Sexe (Denoël, 2006), on apprenait que « tout s’est passé comme si les hommes français et européens, ayant posé leur phallus à terre, ne pouvant ou ne voulant plus féconder leurs femmes devenues rétives, avaient appelé au secours leurs anciens “domestiques” qu’ils avaient émancipés ». L’Express (23 février 2006) notait alors que « dans le conformisme ambiant, un peu d’insolence ne nuit pas ».

Parmi les influenceurs « mascus » français, Mme Anne-Thaïs du Tertre d’Escoeuffant, plus connue sous le pseudonyme de Thaïs d’Escufon, tient le haut du pavé. Membre éphémère de l’Action française, porte-parole de Génération identitaire, elle guerroie désormais sur Internet contre « la société moderne qui a rendu l’homme misérable et la femme sans principes (5». Nouvellement experte en relations femmes-hommes, elle vole au secours de la gent masculine blanche. Et quadruple au passage le nombre de ses abonnés.

Convaincue que « les féministes ont tout détruit », Thaïs d’Escufon ne néglige aucun canal. Sur X, YouTube, TikTok et Telegram, elle pourfend les femmes « délurées » et prévient : « Un homme à l’avenir brillant mérite une femme au passé pur. » Les « hommes moyens » sont choyés, et apprennent par ses soins à déjouer les pièges des « tchoins » — l’équivalent de « fille facile » en argot ivoirien… — pour trouver une « femme de haute valeur » avec qui fonder un foyer. Et ainsi d’enjoindre à ses 64 900 followers sur X : « Si une femme vous aime vraiment et que vous la traitez correctement, elle : cuisinera pour vous, couchera avec vous, vous soutiendra dans vos projets, vous donnera des enfants, fera le ménage, vous obéira, vous respectera. C’est le strict minimum. Sinon, partez. »

L’algorithme de TikTok ne s’embarrasse pas de subtilités : le modèle économique du réseau social préféré des 15-24 ans encourage la diffusion de contenus outranciers. Le dernier rapport du Haut Conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes sur l’état du sexisme en France n’invite pas à l’optimisme. « Les réflexes masculinistes et les comportements machistes s’ancrent, en particulier chez les jeunes hommes adultes, pendant que l’assignation des femmes à la sphère domestique et au rôle maternel regagne du terrain (6). » Pas sûr cependant que le mérite en revienne seulement à Thaïs d’Escufon.

Le 26 mai 2024, M. Thibaud Delapart, alias Tibo InShape (vingt millions d’abonnés), est devenu le premier youtubeur français. Entre deux séances d’abdos, il participe à la promotion du service national universel (SNU) dans une vidéo rémunérée par le gouvernement, tourne un vlog chez les gendarmes ou s’émeut de l’insécurité. S’il incarne une certaine virilité, le « vidéaste fitness » éprouve comme tout le monde des sentiments. En juin 2017, il organisait l’« élection de Miss InShape » pour se trouver une compagne : « Vous êtes une petite [sic] et vous avez 18 ans minimum ? Faites une vidéo vous présentant en expliquant pourquoi vous devez être la nouvelle madame InShape et les abonnés voteront pour élire la meilleure candidate ! » Avec Mme Thérèse Hargot, il a récemment partagé ses « questions intimes ». « Comment durer plus longtemps au lit ? » Le sexe « est un travail d’équipe », répond la sexologue. « Les femmes sont responsables de leur sexualité. (…) Ce n’est pas parce qu’on reçoit qu’on doit être passive. C’est comme quand tu reçois chez toi (…), c’est toi qui décides ce que tu sers à l’apéro et quand tu balances le dessert. »

Entre domination et déconstruction, le patriarcat se réinvente

Banalisés par les influenceurs, les contenus masculinistes prolifèrent désormais sur Internet, notamment sur des forums comme Reddit ou Jeuxvideo.com favorisés par la pseudonymisation. « Les réseaux sociaux grand public tels que Twitter, Facebook, Instagram, TikTok ou encore Snapchat sont devenus des plates-formes de promotion de ces idées masculinistes, constate un rapport de l’Institut du genre en géopolitique (IGG). Une situation d’autant plus inquiétante que la plupart des utilisateurs sont jeunes et que les réseaux sociaux font partie intégrante de leur construction sociale (7). »

La sociologue australienne Raewyn Connell constatait déjà en 1995 combien la domination masculine doit composer avec la remise en question de sa légitimité. Selon elle, « la masculinité hégémonique incarne une stratégie “acceptée à un moment donné”. Lorsque les conditions de la défense du patriarcat changent, les fondements de la domination d’une masculinité particulière s’érodent (8».

Cette masculinité hégémonique sans cesse renégociée permet à la domination masculine de se réinventer, tout en se perpétuant. Mélanie Gourarier pointe ainsi comment « l’injonction nouvelle à l’affirmation d’une sensibilité et d’une émotivité qui seraient proprement masculines ne doit pas être pensée comme un affaiblissement du masculin ». Au contraire, elle participerait à l’« élaboration d’une nouvelle normativité masculine, aux dépens des hommes qui ne sont pas en mesure de se l’approprier, faute d’avoir les dispositions nécessaires. Il ne suffit donc pas d’être un homme pour jouir du pouvoir que ce statut procure, encore faut-il l’être “correctement” ».

Or l’air du temps est à la remise en cause des violences sexistes et sexuelles et au questionnement des assignations de genre. Les entrepreneurs de la Toile ne peuvent l’ignorer. La communauté de Benjamin Névert, « un mec “déconstruit”, un vrai », certifie Le Monde (10 octobre 2021), compte plus de 560 000 personnes sur YouTube. L’auteur de Je ne suis pas viril (First, 2021) fait régulièrement état des difficultés des hommes et des injonctions qui pèsent sur eux. Dans sa websérie « Entre mecs », ses invités peuvent confier leurs difficultés à dire « je t’aime » et discuter autour de thèmes variés, tels que « la drague », « le sexe », « la rupture amoureuse ». Ou « la bite »…

« Moi aujourd’hui, je suis clairement un homme féministe », plaide « Ben » Névert. L’atteste le film au « réalisme sensible, humain et touchant » qu’il a réalisé en 2022 pour Dorcel. Le leader français de l’industrie pornographique, dont certains collaborateurs sont accusés de « viols », « proxénétisme aggravé » et « traite d’êtres humains aggravée », a pu alors ajouter à son catalogue l’œuvre de l’influenceur : Vrai couple, vraie baise. Le patriarcat en a pris un sacré coup.

Anne Jourdain

Enseignante.

(1) Mélanie Gourarier, Alpha mâle. Séduire les femmes pour s’apprécier entre hommes, Seuil, Paris, 2017.

(2) Contraction de involuntary celibate, soit « célibataire involontaire ».

(3) Francis Dupuis-Déri, La Crise de la masculinité. Autopsie d’un mythe tenace, Éditions du remue-ménage, Montréal, 2018.

(4) Alain Soral, Sociologie du dragueur, Éditions Blanche, Paris, 1996 ; ou Vers la féminisation ? Démontage d’un complot antidémocratique, Éditions Blanche, 1999.

(5) « Les femmes modernes ont tout détruit ! », entretien accordé à Livre Noir, le 12 novembre 2023.

(6) « Rapport annuel 2024 sur l’état des lieux du sexisme en France. S’attaquer aux racines du sexisme » (PDF), n° 2024-01-22-STER-61, 22 janvier 2024.

(7) « Contrer les discours masculinistes en ligne » (PDF), Institut du genre en géopolitique, 16 octobre 2023.

(8) Raewyn Connell (sous la dir. de), Masculinités. Enjeux sociaux de l’hégémonie, Éditions Amsterdam, Paris, 2022.

[–] [email protected] 0 points 1 month ago

Aucun souci, ça a bien sûr sa place ici aussi !

Pour les gens sur d'autres instances

[–] [email protected] 0 points 1 month ago

Super intéressant, merci!

[–] [email protected] 0 points 1 month ago

Entre Macron et Hollande, tu trouves vraiment qu'ils sont identiques?

Flamby vs Jupiter, leurs surnoms sont quand même assez antinomiques

[–] [email protected] 0 points 1 month ago (3 children)

Retailleau en quelque mots, tirés de sa page wikipédia :

Qualifié régulièrement de « libéral conservateur », il prône de grandes réformes sur le travail, l’État et le modèle social français, et en appelle à « une politique de civilisation » contre l’islamisme ou le wokisme. Partisan d’une réponse plus ferme en matière de sécurité, Bruno Retailleau défend une « révolution pénale » comprenant des mesures telles que l’instauration de courtes peines de prison dès les premiers actes délinquants, l’abaissement de la majorité pénale à 16 ans et la suspension des aides sociales et familiales pour les parents n’assumant pas leurs responsabilités éducatives. Attaché à la souveraineté française, il dénonce régulièrement l’emprise des cours jurisprudentielles européennes comme la CEDH, s’est opposé au Traité de Lisbonne et refuse toute fuite en avant fédéraliste de l’Union européenne.

En 2016, il s'oppose à la proposition de loi contre le délit d'entrave numérique à l'IVG, soutenant une entrave à la liberté d'expression107. Par corollaire, il s'oppose à l'inscription en 2024 de l'interruption volontaire de grossesse en tant que liberté dans la Constitution

En 2019, il propose de « supprimer les aides sociales » aux femmes « récidivistes » portant le voile intégral. Il se prononce par ailleurs pour le retour à la semaine de travail de 39 heures pour les salariés.

En décembre 2019, estimant que « le droit de grève n'est pas illimité », il propose d'instaurer un service minimum dans les transports par la réquisition si nécessaire.

En mars 2020, quelques jours après le début du confinement, Bruno Retailleau appelle à utiliser la chloroquine promue par le professeur Didier Raoult face à l'épidémie de Covid-19, estimant qu’« elle a un avantage, elle n'est pas chère » et que « de toute façon, qu'est-ce qu'on risque ? Les gens meurent »

Bruno Retailleau s’oppose au mariage entre personnes de même sexe. Il estime que cette mesure « est le cheval de Troie de la PMA et de la GPA »

Fin 2022, après l'assassinat d'une jeune fille par une ressortissante étrangère, connu médiatiquement comme « l'affaire Lola », il propose l'instauration d'un délit de « non-assistance à Français en danger ».

[–] [email protected] 0 points 1 month ago (1 children)

L'un des plus fervents soutiens de François Fillon en 2017, qui avait manifesté contre le mariage pour tous et voté contre la constitutionnalisation de l'IVG, a été nommé en dépit de l'opposition d'une partie du camp présidentiel

[–] [email protected] 0 points 1 month ago

Parmi les 17 ministres de plein exercice nommés, le gouvernement Barnier ne fait qu’une seule « prise » à gauche : celle du divers gauche Didier Migaud, nommé ministre de la justice. Agé de 72 ans, cet ancien socialiste a exercé une diversité de mandat politique sous les couleurs du parti à la rose (député, maire, conseiller régional, président de métropole…), fût proche de Laurent Fabius et conseilla notamment Ségolène Royal en 2007, alors qu’elle était candidate à l’Elysée.

Mais il a quitté la vie politique depuis 2010, pour se consacrer à ses fonctions. Après avoir été président de la Cour des comptes pendant dix ans (2010-2020), il a été nommé président de la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP) - fonction qu’il occupait jusqu’à sa nomination au gouvernement samedi.

[–] [email protected] 0 points 1 month ago (2 children)

Après Hollande avait au moins le mérite de respecter la démocratie

[–] [email protected] 0 points 1 month ago* (last edited 1 month ago)

Les avocats des 50 coaccusés de Dominique Pelicot, qui leur livrait son épouse droguée, ont finalement obtenu un huis clos partiel. Au nom de la « dignité » de leurs clients et contre le souhait de la victime Gisèle Pelicot.

[–] [email protected] 0 points 1 month ago (1 children)
[–] [email protected] 0 points 1 month ago (1 children)

Ah, je ne connaissais pas du tout, ça m'évoquait autre chose

[–] [email protected] 0 points 1 month ago (3 children)

Par contre il n'y a que moi qui vient quelque chose dans le drapeau de l'Auvergne?

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